Sargasse : les riverains

Les algues brunes, hautement nauséabondes en raisons des émanations d’hydrogène sulfuré (H2S) qu’elles génèrent, se sont une nouvelle fois invitées sur les côtes exposées du littoral de Saint-Martin. Une invasion silencieuse qui indispose chaque année à la même période les riverains mais également les professionnels du nautisme. Confrontés aux retards récurrents des pouvoirs publics dans le ramassage des algues brunes, la population sous le vent vit un véritable calvaire olfactif.

Hydrogène sulfuré, un gaz toxique

La dégradation des sargasses produit de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique, dont l’odeur est aujourd’hui bien familière des riverains qui redoutent les échouages et s’interrogent sur les conséquences sur leur santé de l’exposition à long terme à l’hydrogène sulfuré mais également à l’ammoniac. Sur ce point l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) explique que si « les effets chez l’Homme liés à une exposition aiguë durant une courte durée sont bien connus (effets neurologiques et respiratoires de gravité croissante avec la concentration d’exposition), les effets liés à des expositions à l’H2S sur des durées plus longues sont moins documentés ». Pour l’Anses, « les premiers effets observés sont des symptômes irritatifs des voies aériennes supérieures et des yeux. Des effets neurocomportementaux et des symptômes neurologiques (maux de tête, pertes d’équilibre et de mémoire) sont suspectés. Par ailleurs, en l’état actuel des connaissances, au vu du faible nombre d’études disponibles, aucune conclusion ne peut être tirée quant à une potentielle cancérogénicité de l’H2S ». Très peu d'études existent concernant l'exposition humaine chronique à l'ammoniac. Une étude a été effectuée chez des enfants fréquentant une école proche d'une usine fabriquant des fertilisants, sur une période de 6 mois. Le maximum d'exposition à l'ammoniac mesuré était de 1,0 ppm. L'étude n'a pas mis en évidence d'effet sur leurs capacités respiratoires, mais une augmentation de la déclaration de troubles respiratoires aigus. En milieu professionnel, une augmentation de la gravité des symptômes respiratoires a été décrite (INRS 2007, INERIS 2012).

Aucune recommandation de l’ARS

L’Agence Régionale de Santé qui jadis communiquait ses recommandations aux populations exposées ne semble plus assurer le suivi sanitaire depuis le 15 avril 2021. Date à laquelle fut publié le dernier bulletin « relevé des données algues sargasses ». Ainsi la population n’est pas informée des taux des émanations. Pour rappel, l’ARS recommande aux populations exposées, et particulièrement aux plus vulnérables:
• d’éviter la baignade, la manipulation et le contact avec les masses d’algues flottantes ;
• de quitter les zones de bord de mer où les algues se sont accumulées et de s’éloigner des zones où l’odeur d’H2S est perceptible (odeur d’œuf pourri) momentanément, le temps du ramassage ou du retour d’un air plus respirable ;
• et enfin, de consulter un médecin en cas de symptômes irritatifs (yeux ou gorge qui piquent, larmoiements, maux de tête, gêne à respirer, démangeaisons, vomissements..).

Le ramassage, c’est pour quand ?

Contactée par nos soins, la Collectivité de Saint-Martin indique que les « bons de commandes » ont été envoyés aux entreprises détentrices des marchés publics. « Le nettoyage va commencer sous peu » précise-t-elle. Aucune date n’est pour l’heure mentionnée.

Aux nuisances olfactives s'ajoutent celles de la fréquentation de baie de Cul de Sac, point de départ vers l'îlet Pinel. "J'ai l'impression que Les gens ne veulent plus se garer sur le parking de l'embarcadère. Peut-être en raison de l'odeur. Ils viennent se garer dans les rues adjacentes pour tenter d'accéder à la mer en dehors des zones où s’amassent les algues. Ils se garent sur des places privées. C'est une véritable galère au quotidien" explique une résidente