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ILS N’EN PEUVENT PLU

Par Lannig STERVINOU      22 octobre 2015 à 21h56


  Barrage d’Agrément.
En se plaçant à des endroits stratégiques les membres du collectif «Saint-Martin Wake Up» ont paralysé hier l’ensemble de la partie française et particulièrement Marigot. Ils demandaient la suspension de l'enquête publique afin de revoir le plan local d’urbanisme, ce qu’ils ont obtenu.

Barrage de Grand Case.

De mémoire de Saint-Martinois, on n’avait pas vu telle situation depuis la fin des années 90 lorsque des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre avaient transformé la paisible ville de Marigot en champ de bataille. Hier, peu de violence mais une île entièrement paralysée. Dès 6 heures du matin les membres du collectif «Saint-Martin Wake Up», ont commencé à monter des barrages à des points stratégiques de Marigot pour isoler la capitale du reste de l’île : Agrément, Sandy Ground, Saint James. Impossible de passer sauf pour les ambulances et les pompiers. Depuis le début de l’année, les Saint-Martinois expriment de façon pacifique leur mécontentement et leur ras-le-bol face à l’insécurité (blocage de Quartier d’Orléans le 7 octobre dernier), un centre ville qui voit son commerce péricliter (marche des commerçants du 23 février) et des propriétaires qui se retrouvent spoliés (soutien à la famille Minville le 21 mars). Le plan local d’urbanisme (PLU) n’est finalement que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
En milieu de matinée, les représentants du collectif ont rencontré les vice-présidents Ramona Connor, Wendel Cock et Rosette Gumbs-Lake mais les négociations n’ont pas abouti et la délégation a quitté la salle des délibérations avec fracas (voir page 4), promettant de renforcer les barrages et de les maintenir ad vitam tant qu’ils n’auraient pas reçu satisfaction. C’est ce qu’il s’est produit. Peu avant midi un barrage a été monté à Grand Case avec des revendications un peu différentes concernant la plage (voir témoignage de Chance Duzant) puis à Quartier d’Orléans avec un semi remorque en travers de la route.

Le système D

Pris dans la tourmente les habitants de l’île se sont débrouillés tant bien que mal afin de regagner leur domicile, leur travail, aller chercher leurs enfants aux centres de loisir ou encore prendre un avion. A Grand Case, un système D de taxi s’est mis en place de part et d’autre du barrage que certains ont même passé à cheval ! Idem à Saint-James où on a pu voir des gens passer le barrage à pied avec leurs valises et leurs manteaux avant de prendre un autre véhicule afin de regagner l’aéroport. «J’ai laissé ma voiture à Rambaud et je vais à pied sur la Marina où je travaille», raconte Véronique à Agrément. «J’ai un peu chaud c’est vrai, mais c’est agréable de marcher. J’ai rencontré d’autres personnes qui font comme moi. Les gens sourient, sont joyeux. Ça change. Pour une journée ça va, il ne faudrait pas qu’ils bloquent plus longtemps», poursuit la jeune femme optimiste. Cindy, enceinte de 8 mois n’est pas de cet avis : «Je suis arrivée au barrage avec un papier disant que j’étais enceinte. Ils ne m’ont pas laissée passer. C’est juste inadmissible. Qu’ils bloquent mais qu’ils respectent quand même certaines choses.»

Un accord trouvé

Le vice-président en charge de l’urbanisme Guillaume Arnell était un peu attendu par tous comme le messie. Le seul en mesure de débloquer la situation. Hors de l’île, il n’est arrivé qu’en fin d’après-midi par avion. Il s’est alors entretenu avec les trois vice-présidents qui avaient tenu la réunion du matin et le député Daniel Gibbs avant de rencontrer à nouveau à 17 heures les membres du Collectif. A la fin de la réunion, Guillaume Arnell a proposé de stopper l'enquête sur le PLU et de repartir à la phase de concertation auprès de la population. Il a également proposé qu'un comparatif POS / PLU soit réalisé en concertation de manière à garder les points positifs des deux documents. Il s'est engagé à remettre les choses à plat pour aboutir à un PLU concerté. Une traduction anglaise sera faite de tous les documents du PLU. Il s'est également engagé à poursuivre la procédure de régularisation des titres sur les 50 pas géométriques. Il a par contre refusé d’annuler la délibération du 25 juin dernier. Le Collectif a souhaité que cet accord soit porté par écrit.
A la nuit tombée, la route était en feu à Agrément, des caillassages étaient signalés à Marigot et des échauffourées à Quartier d’Orléans.

Avis de l’association des entreprises du BTP
sur l’enquête publique

«Nous pensons que la collectivité devrait tout mettre en œuvre pour faciliter l’accessibilité à des terrains constructibles aux natifs de l’île en facilitant la transmission des héritages, en résolvant des situations d’indivision, ainsi qu’en rendant ces propriétés constructibles tant que peut se faire.
La Collectivité devrait dissuader la spéculation de promoteurs affairistes, venant d’ailleurs, (avec pour seule motivation l’appât du gain) en évitant de déclasser d’importantes surfaces non constructibles récemment acquises à vil prix (leur évitant de transformer du plomb en or au détriment des petits propriétaires).» «L’ABTP SM regrette le peu de temps de présence du Commissaire enquêteur, soit disant 1 mois, (octobre 2015), sa présence réelle ne sera que de 22,5 heures.»



Barrage de Sandy Ground.


Ce qu’ils en pensent…


Jules Charville,

élu de la Collectivité
«Le mouvement qui bloque aujourd’hui s’appelle Saint-Martin Wake Up. C’est un collectif composé de différentes associations et de représentants de certains conseils de quartier. J’en fais partie en tant que président de l’association True Hope for Saint-Martin. Nos revendications concernent surtout le PLU et la question des 50 pas géométriques. Pour le PLU, nous nous mobilisons pour les familles qui aujourd’hui se retrouvent dans une situation délicate car, il y a dix ou quinze ans elles ont construit des maisons avec un permis valable et aujourd’hui on leur dit d’après le PLU qu’elles sont dans des zones non constructibles. C’est un vrai problème. C’est une décision politique de savoir ce qui va changer ou pas, pas celle du commissaire enquêteur.
Pour les 50 pas géométriques, il y a deux aspects. Le Conseil exécutif en avril dernier a pris une décision fixant des prix. Et il se trouve qu’il existe une commission, la commission ad hoc des 50 pas géométriques qui normalement devrait fixer ces prix là. Or, il est dit dans la délibération, ‘considérant l’avis de cette commission’, mais il n’y a jamais eu de débat sur les prix. Ce jour là j’y étais du début à la fin. Nous disons d’abord que ce ne devrait pas être le conseil exécutif mais le conseil territorial qui fixe ces prix sur avis de la commission ad hoc. Comme cela ne s’est pas produit nous en demandons l’annulation afin que la population puisse obtenir des prix abordables. Le deuxième aspect, c’est qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de familles qui ont des titres de succession de génération en génération et sont propriétaires depuis plus d’une centaine d’années. Maintenant, la Collectivité ne fait pas la distinction entre ceux qui font une demande de cession et les autres familles. Ces derniers devraient pouvoir valider leurs titres auprès de la commission départementale de vérification des titres de propriété de la zone dite des 50 pas. Elle existe en Guadeloupe, Martinique, Guyane mais pas ici. En 2007, lorsque nous sommes devenus une collectivité, cela aurait dû déjà être instauré. J’ai eu ce problème en 2001 pour mon terrain à Sandy Ground et j’ai été devant cette commission en Guadeloupe. Elle a validé mon titre et je n’ai pas eu à payer car cela s’est passé avant 2007. La Collectivité maintenant ne fait rien et veut que ces familles achètent une deuxième fois leurs terrains.»

Yann Le Cam,

président de l’association
des commerçants de Marigot

«J’ai discuté avec beaucoup de commerçants et ils se disent solidaires de ce mouvement. Il y a un ras-le-bol de beaucoup de choses. Je ne sais pas si c’est seulement lié au PLU mais les commerçants ne déplorent pas le blocage d’aujourd’hui. Ils se sont déjà mobilisés et ils ont conscience qu’il y a de nombreux problèmes qui les concernent directement comme l’insécurité. D’habitude, les commerçants râlent quand il y a une opération escargot des taxis par exemple, mais cette fois ci, les personnes que j’ai vues ne disent pas que ça les embête. En fin de compte nous ouvrons mais dans des mesures de sécurité liées aux manifestations.»

Jérémy Watt,

association Madtwoz, Sandy Ground
«Maintenant le problème dépasse la question de la jeunesse. Nous avions bloqué la route il y a quelque temps pour avoir un terrain de basket à Sandy Ground. On a eu le terrain mais après ça les gendarmes sont venus pour demander aux jeunes qui n’étaient pas licenciés dans un club de quitter le terrain. Avant on pouvait aller y jouer comme on voulait et maintenant la Collectivité nous dit que les jeunes doivent être dans un club pour pratiquer ce sport. Ce n’est pas normal, car si mes parents n’ont pas d’argent pour m’inscrire dans un club, ça veut dire que je ne vais pas pouvoir jouer au basket ? Pourquoi faire des frais pour un terrain de basket neuf si les jeunes du quartier ne peuvent pas en profiter ? Voilà tout le problème de la Collectivité. Nous, les jeunes, on n’est pas vraiment concernés par le PLU, mais nous sommes là pour soutenir les anciens. Quand on a bloqué la route pour le terrain de basket, les anciens étaient là avec nous. Alors nous maintenant, on soutient le combat des anciens. On veut montrer que nous, les jeunes, on est toujours au courant de ce qui se passe, même si ça ne nous concerne pas directement. Regardez Monsieur Charville, il nous a prêté son terrain pour faire de la moto, alors on est aussi concernés. Ce n’est pas que Sandy Ground qui est bloqué, c’est toute la population qui montre son mécontentement. Tout le monde est concerné. La Collectivité fait des trucs sans discuter avec nous et c’est ça qui ne va pas. C’est la population qui les a élus non ?»

Frederic et Adam,

Saint-James

«La population n’est pas respectée. Saint-Martin souffre depuis trop longtemps maintenant. Nous en avons ras-le-bol et c’est pour cela que nous descendons dans la rue. Nous avons de nombreux problème et le PLU est un peu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Aujourd’hui, nous disons : assez, c’est assez ! Nous avons trop de problèmes sur cette île. Tout est fait dans le dos des Saint-Martinois. La Collectivité fait que ce qui l’arrange sans nous consulter. Nous pensons que les élus au pouvoir devraient démissionner. Le PLU doit être changé car il doit être fait avec l’approbation de la population. Ils doivent ramener la population au centre des débats. La façon dont cela a été fait n’est absolument pas la bonne.»

Drika,

Centre ville de Marigot
«Je suis fière ! Nous nous levons et défendons nos droits aujourd’hui. Nos voulons montrer à nos politiciens qu’ils ne peuvent pas faire tout ce qu’ils veulent. Nous ne voulons pas de violence. Tout ce que nous voulons c’est qu’ils fassent marche arrière sur le PLU. Ils ne peuvent pas décider que mon terrain est constructible et celui de mon voisin non. Assez, c’est assez ! Les politiciens nous doivent leur élection, c’est la démocratie. Ils doivent entendre ce que nous avons à dire. Nous nous réveillons maintenant et nous n’allons pas lâcher l’affaire. They just loose the lion (ils ont lâché la bête).»

George Gumbs,

président de CESC (Conseil économique, social et culturel)
«Je n’ai qu’une chose à dire et je la dirai en anglais : The power of the people is stronger than the people in power (Le pouvoir du peuple est plus fort que celui des gens au pouvoir).»




Patricia Chance-Duzant,

représentante du conseil de quartier n°2
«Les transats sur la plage de Grand Case sont illégaux. Personne n’a vraiment d’autorisation pour faire cela. Avant, il y avait une personne à Grand Case qui avait une AOT mais elle n’est plus là. Malgré le fait qu’ils n’ont pas d’autorisation, certains d’entre eux pensent qu’ils ont le droit de le faire. Ils sont dans une situation illégale depuis trop longtemps, jouissant de revenus confortables. Ils bloquent la plage. Nous ne voulons pas d’une plage comme Orient Bay à Grand Case. Nous voulons une plage à l’ancienne. Je pense que les touristes viennent à Grand Case pour manger. Et à Grand Case nous avons des touristes de catégorie supérieure, loyaux, qui viennent depuis des années. Ils viennent parce que c’est calme. Ils aiment pouvoir se promener sur la plage de Petite plage jusqu’à la pointe sans être bloqués par les transats. Nous avons mis en place une pétition pour demander à ce que cette plage soit mieux contrôlée par la Collectivité, qu’il n’y ait plus de chiens, plus de bruit, plus de transats qui bloquent le passage, même la nudité. Il y a trop de femmes topless sur cette plage ! C’est une plage familiale.»

Gilbert Minville,

habitant de Sandy Ground
«Ma famille a un titre de propriété de George Peterson qui date de 1934, pour notre terrain de Sandy Ground et maintenant on nous dit, qu’en raison des 50 pas géométriques, ce terrain ne nous appartient plus. C’est injuste. Depuis notre dernière mobilisation, rien n’a bougé et nous sommes toujours là. Nous avons été expropriés sur le principe mais nous ne partons pas, nous ne bougeons pas. Nous avons demandé au vice-président en charge de l’urbanisme de nous donner des solutions. Mais jusqu’à présent, il n’a rien apporté. Le PLU, je n’y ai rien compris du tout comme tous les Saint-Martinois et nous disons : stop ! Il faut recommencer à zéro, c’est tout ! On ne va pas crucifier les hommes politique qui sont là, on leur demande juste de recommencer le PLU et de mieux informer la population, surtout les propriétaires de terrains»


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