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Les femmes à saint-martin à travers les âges

Par Juliette Leclercq       08 mars 2023 à 09h16


  En août, Audrey Claxton a interprété le rôle de la maronne saint-martinoise, Quashiba. Photo © Juliette Leclercq
Ce 8 mars marque la journée internationale des droits des femmes. Grâce au précieux travail de Stephie Gumbs, passionnée par l’histoire de son île, nous avons retracé la place des femmes à Saint-Martin dans différentes périodes charnières. Des céramiques des Arawaks à l’arrivée libératrice du dancehall : voyage à travers les âges.
PÉRIODE PRÉCOLOMBIENNE

Les recherches archéologiques menées à Saint-Martin à partir des années 1990 ont permis de trouver des traces des sociétés précolombiennes remontant à plus de 4 000 ans et particulièrement sur le site d’Hope Estate. Ces études ont montré que les Arawaks, arrivés il y a 2 500 ans maitrisaient les techniques de la céramique. «Comme la plupart des tâches quotidiennes, l’élaboration de récipients en terre cuite était réservée aux femmes», indique le site de l’ancien musée de Saint-Martin. Il s’agit probablement des premières traces du rôle des femmes à Saint-Martin. L'un des noms arawaks de l'île est d'aileurs Oualichi : l'île aux femmes.

ESCLAVAGE

À cette période, le travail était déjà divisé de manière genrée. Si hommes et femmes étaient assignés au travail dans les champs, certaines tâches étaient réservées aux femmes comme celui d’alimenter le moulin. Les femmes étaient souvent servantes, blanchisseuses ou encore accoucheuses. «Elles avaient donc moins d’espace de liberté que les hommes qui pouvaient partir chasser ou pêcher», souligne Stephie Gumbs. «Elles avaient ainsi moins de possibilités de s’enfuir puisqu’elles étaient assignées à des tâches à la maison des maîtres». Quashiba, célèbre maronne de Saint-Martin, qui a fui à Anguilla en bateau, en 1835, est un contre-exemple. «Mais d’après les archives, elle était la seule femme avec sa fille dans le groupe de dix personnes qui a fui en même temps». Stephie Gumbs rappelle que les femmes ont tout de même résisté de différentes manières, comme avec des actions de sabotage ou en évitant d’avoir des enfants. C’est d’ailleurs à la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle, période où la traite des personnes noires fut interdite, que les esclavagistes mirent en place des politiques nata- listes. «Hommes et femmes étaient considérés comme du bétail», poursuit Stephie Gumbs. «Mais les femmes étaient aussi considérées comme des génitrices. Pour les inciter à avoir des enfants, elles pouvaient par exemple obtenir la liberté après cinq naissances». Et dans le cas inverse, lorsqu’un enfant était mort-né, «la femme et l’accoucheuse étaient punies, car elles étaient suspectées d’avoir tué l’enfant pour lui éviter d’avoir la même vie».

ABOLITION DE L’ESCLAVAGE

Au lendemain de l’abolition de l’esclavage, les maîtres n’ont d’autres choix que de «se mettre en société avec les anciens esclaves. À Saint-Martin, les archives notariales nous apprennent qu’une femme, propriétaire terrienne, a mis en place ce système sur ses sucreries». Anne Deborah Hodge, née en 1802 à Grand Case, veuve de William Richardson et épouse de George Dormoy, a ainsi nommé une cinquantaine de «cultivateurs et cultivatrices» pour travailler dans les plantations appelées Hope et Delight, qui se trouvaient à Colombier.

POST-ESCLAVAGE

La répartition des rôles pendant l’esclavage a eu une conséquence sur la période qui a suivi. Les hommes ayant acquis plus de compétences dans des domaines comme la menuiserie ou la maçonnerie, «ils ont pu les valoriser». L’activité se faisait rare et beaucoup de familles sont parties. Pour celles qui restaient, les hommes partaient travailler sur d’autres îles. Les femmes restaient quant à elle à Saint-Martin pour s’occuper du foyer. C’est à cette période que beaucoup de femmes ont développé des activités marchandes et de troc. «Certaines sont devenues colporteuses d’île en île», indique Stephie Gumbs.

LA LIBÉRATION DU DANCEHALL

Après une longue période où la religion a imposé une certaine morale et pudeur aux femmes, la musique va apporter une libération du corps. Calyspo et dancehall, à partir des années 1980, permettent aux femmes «de se présenter et de bouger comme elles le veulent, et non comme on leur impose», souligne Stephie Gumbs. Des stars comme Monalisa pour le dancehall qui «impressionne le public lors des podiums». Pour le Calypso, on se souvient de Empress Zee, Shakiya et Olivia Murray qui font sensation.

ÉDUCATION ET POLITIQUE : LES FIGURES DU XXE SIÈCLE

Au XXe siècle, plusieurs femmes ont marqué leur temps en devenant de grandes éducatrices comme Simeone Trott et Nina Duverly. Cependant, ces femmes s’occupaient principalement de l’éducation des jeunes enfants. «Pour les plus grands, ce sont les hommes qui s’en chargeaient», indique Stephie Gumbs. Une autre enseignante qui a marqué l’histoire, c’est Aline Han- son, qui s’engage en politique à la fin des années 1970, alors qu’elle n’a pas encore 30 ans. En 2013, elle est élue première présidente du conseil territorial. «À l’époque, ça n’a posé aucune difficulté à la population qu’une femme soit au pouvoir. C’était un non-événement», souligne Stephie Gumbs. «Je pense que la loi sur la parité a accéléré les choses, mais les femmes sont présentes depuis longtemps dans les affaires publiques». Jusqu’en 2022, nous avions une députée, Claire Javois, et nous avons actuellement une sénatrice, Annick Petrus. «Les femmes sont dans tous les espaces où elles veulent être. Je pense que si on enlève les barrières men- tales, tout est possible».


LE STÉRÉOTYPE DE LA FEMME FORTE

Pour Stephie Gumbs, les femmes saint- martinoises et caribéennes subissent les effets d’un stéréotype opposé à celui que l’on peut rencontrer ailleurs. Alors que les femmes européennes ont longtemps été réduites à une posture d’être faible qu’il fallait protéger, «au contraire, les Saint- Martinoises sont perçues comme très fortes. On pense qu’elles peuvent tout faire et cela est à double tranchant. Le patriarcat est très installé dans la Caraïbe et c’est un produit de l’histoire».

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