Un paradis fiscal fait de pauvres

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Par Rédaction 11 septembre 2014 à 19h00

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ECONOMIE. Au regard des indicateurs économiques et financiers, Saint-Martin est loin d’être une île de riches comme elle en a la réputation. Elle est au contraire le territoire le plus pauvre, après Mayotte, de l’outre-mer.

Comme quoi les apparences sont trompeuses. Durant de nombreuses années – et encore aujourd’hui – l’île de Saint-Martin est passée pour une île de riches, fleurant bon le paradis fiscal. Bien loin de l’être pourtant au vu du produit intérieur brut révélé en début de semaine par l’Iedom : 14 700 euros par habitant (sur la base de données de 2010). Il s’agit de l’avant-dernier PIB outre-mer ; Mayotte se situant à la dernière place avec un PIB moyen de 6 575 euros par habitant. Notre PIB est 2,4 fois inférieur à celui de Saint-Barthélemy qui s’élève à 35 700 euros par habitant et deux fois inférieur à celui de la métropole ! Autrement dit, nous sommes deux fois moins riches qu’en métropole où le niveau de vie médian est de 1 645 euros par mois selon une toute récente étude de l’Insee.
Si on regarde les actifs financiers détenus par les ménages et les entreprises, ils s’élèvent à Saint-Martin à 288 millions d’euros quand ils atteignent 509 millions d’euros à Saint-Barthélemy, 214,78 millions à Saint-Pierre et Miquelon et 416,6 millions à Mayotte. Si on considère uniquement les ménages, la comparaison est encore plus troublante : un total d’actif de 117,2 millions à Saint-Martin, soit 3 125 €/hab contre 26 490 €/hab à Saint-Pierre, 37 120 €/hab à Saint-Barthélemy et 13 440 €/hab en Guadeloupe. Notre ratio se rapproche de ceux de la Guyane (4 150 €/hab) et de Mayotte (1 130 €/hab), deux départements parmi les plus pauvres de France.
A Saint-Martin également, il apparaît que les ménages investissent peu avec un encours sain de crédits de 104,6 millions, soit 2 740 €/hab. Notre ratio est là aussi proche de celui de la Guyane (3 430 €/hab) où la population est jeune et composée de nombreux étrangers qui investissent peu. En Guadeloupe, il est de 7 800 €/hab, à Saint-Pierre de 14 840 €/hab et à Saint-Barth de 16 650 €/hab.
Il est en outre intéressant de noter que l’encours moyen du crédit à l’habitat représente à Saint-Martin plus de 80 % de l’encours total. D’un montant de 83,6 millions, l’encours moyen par habitant est de 2 230 euros. Soit là aussi quasiment le même qu’en Guyane (2 750 €/hab). Il est aussi relativement faible en Guadeloupe (5 325 €/hab) et beaucoup plus élevé évidemment à Saint-Pierre (12 125 €/hab) et à Saint-Barth (14 970 €/hab).
Autant de comparaisons qui prouvent un moindre développement de notre île et surtout une très faible richesse des ménages. Certains expliqueront la situation en évoquant la présence de la partie hollandaise et le fait que nombreux sont ceux à aller placer leur argent de l’autre côté de la frontière. Si la porosité de cette dernière doit certes être prise en compte, elle n’explique cependant pas tout. D’autant plus que les conditions d’octroi des crédits à Sint Maarten sont beaucoup moins attractives qu’en partie française.
Il convient donc d’admettre une réalité peu réjouissante et glorieuse, Saint-Martin souffre d’un retard certain de développement économique. Il est impératif de créer de la richesse, d’attirer des entreprises et des activités à haute valeur ajoutée pour tirer Saint-Martin vers le haut.

Estelle GASNET